S’il n’y avait qu’un seul visage à retenir de la télévision des années 80 et 90, ce serait le sien. Omniprésente, l’idole des enfants de ces deux décennies a été une véritable star. Depuis, son silence l’a érigée au statut d’icône. Retour sur un parcours unique.
De Frédérique à Dorothée
Dorothée voit le jour le 14 juillet 1953 à Paris sous le prénom de Frédérique (Hoschedé). L’artiste de la famille, c’est son papa : Maurice qui joue du piano. Très tôt, elle suit ses pas et prend des cours de danse et de piano. Mais Frédérique a la tête sur les épaules et s’oriente vers des études d’Anglais (un amour pour cette langue qu’elle découvre lors d’un voyage scolaire où elle rencontre la musique pop. Celle des Beatles et de Simon & Garfunkel). Elle obtiendra une licence mais se fera vite happer par la télévision. C’est en 1971 que Jacqueline Joubert remarque cette jeune femme au physique androgyne, lors d’un concours de théâtre amateur où elle joue la pièce « Un caprice » d’Alfred de Musset. Si Frédérique obtient le premier prix ce jour-là, ce n’est que deux ans plus tard que Jacqueline, alors devenue directrice de l’unité jeunesse de l’ORTF rappelle la jeune femme. Ils font des essais concluants et Frédérique est alors poussée à changer de prénom. Ce sera Dorothée et son émission s’appellera : « les mercredis de la jeunesse ». Nous sommes en 1973. L’émission ne durera que le temps d’une saison, suite à l’éclatement de l’ORTF. Elle participera à quelques émissions sur TF1 mais son visage deviendra familier des téléspectateurs en 1977, lorsqu’elle deviendra speakerine.
Télé, ciné et chanson ! culte !
L’année suivante, Jacqueline Joubert est nommée à la tête des programmes jeunesse d’Antenne 2 et rappelle tout de suite Dorothée pour animer « Récré A2 », un programme estival. Ce qui ne devait durer qu’un été durera 9 ans ! Elle sera entourée d’autres animateurs comme William Leymergie, Ariane Carletti, Fabrice, Jacky, Corbier, Patrick, Cabu (qui popularisera son célèbre nez pointu) ou encore Zabou Breitman. Cette émission pour enfant est « faite avec des bouts de ficelles » mais marque la mémoire de ses téléspectateurs. En parallèle, Dorothée tourne au cinéma sous la houlette de François Truffaut : « L’amour en fuite ». Subjugué par le charme de la jeune femme, le réalisateur fait appel à elle pour tourner son nouveau film. Malheureusement, il ne verra jamais le jour, le cinéaste s’éteindra avant le tournage. Dorothée tourne un autre film aux cotés de Michel Serrault et Philippe Noiret dans « Pile ou face » (Robert Enrico), mais sa carrière cinématographique s’arrêtera là. Par choix. C’est à cette même période, en mars 1980, que sortira son premier album, « Dorothée au pays des chansons », produit par Jean-Luc Azoulay. Les disques de Dorothée vont s’enchainer avec énormément de succès. Entre 1981 et 1983, elle vend 4 millions de disques, portés par des succès comme « Hou la menteuse ! », « Allô allô, Monsieur l’ordinateur », « Qu’il est bête », « Les Schtroumpfs », etc. Côté télé « Récré A2 » est un triomphe (de 1977 à 1987), Dorothée vendra 6, 5 millions de disques et se produira plus de 40 fois sur la scène de l’Olympia ainsi qu’en tournée dans toute la France. Ce succès est énorme… Mais n’est rien comparé aux dix années qui l’attendent.
Le Club Do, Bercy, la consécration !
1987. TF1 recrute Dorothée et toute son équipe pour 600 heures de programme annuel pour « Le Club Dorothée ». Le succès est colossal et le « Club Dorothée » atteint en plein après-midi, des audiences dignes de prime-time. L’émission est en direct et les mercredis après-midi sont de vraies messes où les enfants de La Plaine Saint-Denis s’y rendent régulièrement. Ces années, sont aussi celles de la grandiloquence. Dorothée remplira le Zénith de Paris à 60 reprises ainsi que la plus grande salle de France : Bercy. Elle la remplira 58 fois. Elle reste à ce jour, l’interprète féminine détenant le record du nombre d’entrées dans cette salle. Et ce, seulement sur 6 années. Au total, elle écoulera près de 30 millions de disques au long de sa carrière. Elle achèvera sa dernière tournée avec un titre prémonitoire, « C’est fini, c’est fini ». Le dernier jour du « Club Dorothée », la star perdra sa maman. Un jour maudit. Après des années dans la lumière, Dorothée choisira l’ombre et la discrétion pour les décennies qui s’en suivront.
Dieu que l'icône est classe !
Après un retour furtif pour 4 Olympia et 1 nouveau Bercy en 2010, Dorothée s’est vite replongée dans son mutisme. Aujourd’hui, toutes les apparitions de la star suscitent de l’émotion et une kyrielle de papiers dans la presse (pour son passage télé lors de « La chanson secrète », la machine à nostalgie est repartie. Dorothée s’est retrouvée en top Tweet et Le Parisien a enchainé en publiant quelques jours plus tard, trois pleines pages sur la star. Sans avoir obtenu d’interview). Des interviews distillées au compte goutte, des sondages la classant toujours sur le podium des personnalités qui manquent le plus aux gens et des émissions spéciales battant des records d’audience… Sans la présence de l’icône. Du moins, jusque’à ce prime time que TF1 lui a enfin consacré début 2025. Une émission, pas vraiment intéressante mais qui a permis de replonger dans ces années AB, de revoir plein de visages familiers et de rendre enfin à Dorothée ce qui appartient à Dorothée ! Et l’émission a une nouvelle fois battu des records en frôlant les 5 millions de téléspectateurs (et en 2025, il faut les atteindre). Une belle preuve d’amour pour celle qui a rendu des millions d’enfants heureux et qui leur a fait passer la plus belle des enfances possible. Alors oui, « Merci Dorothée ! ». Aujourd’hui, Dorothée vit entre Paris et la Normandie. Et les fans ne désespèrent pas de la revoir. Encore et toujours.
Nom : Dorothée
Date de naissance : 14 juillet 1953
Emissions : « Récré A2 », « Le Club Dorothée »
