Christine et Stéphanie les jumelles de premiers baisers

Interview de Christine et Stéphanie (Ever & Ever)

C’est la rentrée pour Nos Années AB ! Et en ce mois de septembre 2022, je vous propose de découvrir une interview exclusive de deux personnages phares de l’univers AB : Christine et Stéphanie alias Les Jumelles alias  Ever & Ever. Pour ne rien vous cacher, elles étaient mes personnages préférés de « Premiers Baisers » et de toutes les sitcoms AB confondues. Alors, c’est avec un réel plaisir d’avoir pu partager une heure avec elles. Merci encore à elles d’avoir accepté ce délicieux moment. En direct d’un centre commercial de Floride ! Comment sont-elles arrivées dans la série ? Comment ont-elles vécu cette notoriété soudaine et que deviennent-t-elles depuis la fin de cette aventure qui nous a tant marquée et que nous avons tant aimée. Les réponses dans l’interview qui suit…

Les Jumelles : l'avant "Premiers Baisers"

Nos années AB : Bonjour Christine, bonjour Stéphanie ! Merci d’avoir accepté. Ça me fait vraiment plaisir !

En choeur : Ça nous fait plaisir aussi !

(Je leur montre une photo dédicacée d’elles des années 90)

Christine : Oh ! C’est un vrai !

Bah j’espère bien… ça fait presque trente ans que je la garde précieusement ! (Rires)

Christine : Je n’ai plus de photos, je n’ai plus de CD, je n’ai plus rien de cette époque ! Je n’ai même pas une photo…

Stéphanie : Oh ! Je dois en avoir une, cachée quelque part.… Elle n’a rien gardé car elle est partie aux Etats-Unis directement après la série. Moi, j’ai quelques photos, quelques magazines. Quelques souvenirs quoi.

C’est tout de même toute une partie de votre vie !

Christine : Oui… Mais je ne suis pas sentimentale.

Au pire, vous avez la sitcom disponible sur la chaine Youtube « Génération Sitcom » !

Stéphanie : C’est vrai que tout est sur Youtube et que tu peux retrouver tout ça très facilement.

Christine : Ma fille a regardé quelques épisodes. Elle était morte de rire. Elle se moquait de tout, des fringues, etc.

Vers quel âge votre passion pour la comédie et le chant s’est manifestée ?

Christine : C’est toujours Stéphanie qui a voulu faire ça. On a commencé vers l’âge de 10 ans. Moi, j’ai fait la même chose qu’elle… parce qu’on est jumelles et qu’on est fait la même chose (rires). Mais ça me plaisait quand même.

Stéphanie : On a travaillé tout de suite et tout le temps! C’est vrai… On a oublié cette époque-là ! On faisait toujours du théâtre. Entre 13 et 17 ans on a enchainé les projets. On faisait une nouvelle pièce de théâtre tous les deux-trois mois, aux Etats-Unis. A l’époque, avec les lois qui interdisaient de faire trop travailler les mineurs, je travaillais une semaine et puis Christine travaillait l’autre semaine. On en faisait beaucoup !

Christine : À une époque, nous jouions dans trois pièces de théâtre en même temps !

Quel a été votre premier choc musical ?

Stéphanie : Peut-être la comédie musicale « Annie » à l’époque. On aimait beaucoup les comédies musicales. D’ailleurs, on a passé les auditions pour la comédie musicale « Annie », mais on n’a pas eu le rôle.

Il vous arrivait parfois de passer les auditions séparément ?

Christine : Non, c’était toujours ensemble à cette époque-là !

Quelles sont les chansons que vous chantiez quand vous étiez enfants ?

Stéphanie : On aimait les Andrews Sisters. C’est un groupe de trois sœurs dans les années 40. Elles chantaient avec des harmonies différentes durant la deuxième guerre mondiale. On est en public là… On ne peut pas chanter, quel dommage (sourire).

Ça ne vous arrive jamais de rechanter ensemble ?

Christine : Dans la voiture !

Stéphanie : Tous les jours on chante ensemble dans la voiture. On a du le partager une fois l’année dernière sur les réseaux sociaux.

Christine : Oui c’était pour rigoler. Ça a fait un « blow up » c’est vrai. Et pourtant ce n’était que des « lala ». On va le refaire ce soir !

Stéphanie: Non… ça va (rires). Si on le fait, tu pourrais penser que c’était toi l’inspiration (rires).

Je ne demande que ça (Rires). Mais c’est bizarre car c’est Stéphanie qui était plus artistique et là, c’est Stéphanie qui dit « non »… Dans « Premiers Baisers », on vous a vu quasiment tout le temps habillées à l’identique. Vos parents vous habillaient comme ça ?

Stéphanie : Non. Jamais. De temps en temps le même ensemble mais d’une couleur différente mais même… Ce n’était vraiment pas notre truc.

Christine : On allait dans une école privée donc était toutes en uniforme…

Stéphanie : Mais c’est vrai ! Du coup, oui, on était habillées pareil finalement !

Est-ce que ça vous amusait d’échanger votre identité pour passer des examens ou autres ? Une anecdote ?

Stéphanie : Pas à l’école car tout le monde nous reconnaissait, mais à l’université, oui. J’étais malade et je devais passer un examen de français à l’université de New York. Je n’ai donc pas pu le passer.

Christine : Elle était très malade et j’y suis allée à sa place.

Stéphanie : Mais c’était tellement facile !!! (rires) C’était les années 90…

Petites, vous parliez déjà français ?

Christine : Notre père a voulu qu’on apprenne le français, nous on ne voulait pas et finalement il n’en pouvait plus et nous a envoyées en pension en nous disant que si nous apprenions le français, il paierait nos études. Parce que l’université, même à l’époque, c’était très cher.

Stéphanie : On devait juste rester 6 mois, le temps qu’il soit content. On ne voulait pas quitter l’université de New York. On était très bien là-bas… Mais finalement on a trouvé l’école du cours Simon et on est restées !

Quels étaient vos rêves quand vous étiez jeunes ?

Christine : Je pense que nos rêves étaient identiques. On voulait faire une série sitcom, ça c’est sûr ! On voulait être comédiennes.

Stéphanie : Ou jouer dans des comédies musicales, mais pas du tout chanteuses.

Christine : On s’est toujours vues comme comédiennes et non comme des chanteuses.

Ce qui est bizarre quand même car lorsque vous arrivez sur Paris, vous êtes surtout chanteuses ?

Christine : Oui, on a été amenées à chanter dans un bar assez rapidement. C’est comme ça… Mais nous on ne se considérait pas comme chanteuses. C’était une surprise pour nous.

Quel premier souvenir gardez-vous de votre arrivée sur Paris ?

Christine : C’est une bonne question. Je n’ai pas eu un choc culturel immense. Je ne me rappelle pas de mes premières impressions de Paris. On parlait à peine la langue.

Stéphanie : Paris c’est notre premier appartement, notre premier travail…  Mais c’est vrai qu’il n’y a pas eu un choc culturel. Le changement s’est fait tout à fait normalement. Et puis on n’avait pas l’intention de rester non plus…

Vous-vous souvenez de votre première scène et des premières chansons que vous interprétiez ?

Stéphanie : C’était au restaurant, « The Hollywood Savoy », qui existe toujours. Ils ont un site Internet. J’y suis allée il n’y a pas longtemps.

Christine : ça existe toujours ?

Stéphanie : Oui, je n’ai pas vu les gens chanter. J’ai vu des photos mais ça n’a pas changé ! Toujours au même endroit. On chantait là-bas trois fois par semaine. Le mercredi c’était le jazz, le vendredi c’était Rock’n roll et le samedi c’était variétés. C’était génial ! On ne chantait pas toujours ensemble mais les tips étaient beaucoup plus intéressants lorsque l’on travaillait ensemble ! Toutes les serveuses et les musiciens étaient anglo-saxons.

Christine : Il y avait quelques français quand même mais la plupart étaient américains.

Stéphanie : Et c’était beaucoup de classiques. Comme ça tournait beaucoup, il fallait choisir des chansons que tout le monde connaissait parce que les répétitions, c’était pas plus de 10 minutes !

Les années AB

Comment avez-vous choisi votre pseudo, Ever & Ever ?

Christine : Je pense que c’est moi qui ait trouvé notre nom de scène. Notre agent pensait que « Blanchard et Blanchard » sonnait trop français. Il nous a demandé de trouver un nom qui faisait star. J’ai proposé « Ever & Ever » parce que ça sonne aussi comme « Ever & Never » et en français, ça signifie « Toujours ». C’est une expression

Stéphanie : Et il y avait un côté anglo-saxon dedans.

Christine : Mais je crois que nous étions les seules à trouver ça super bien. Personne n’a jamais compris ce que ça voulait dire…Ni comment le prononcer. J’étais très fière de ce nom vraiment, et je l’adore toujours !

Stéphanie : On nous a tout de suite appelé « les jumelles »

Christine : Ou « Suzy et Suzon ».

Comment arrivez-vous dans « Premiers Baisers » ?

Christine : On était aux cours Simon, en première année. Un garçon de notre classe nous dit que AB Production recherchait des jumelles pour la série « Premiers Baisers » qui existait déjà. Il fallait des jumelles mannequin, sexy… Bon, on ne se reconnaissait pas du tout dans la description, mais finalement on s’est dit « on teste ». Le soir-même, je regarde un épisode de « Premiers baisers ». J’éteins la télé et on se dit « on va l’avoir ». Je savais que j’allais avoir le rôle. Je n’ai jamais été sûre de rien de ma vie mais là, j’en étais sûre. Je parlais à peine le français, le soir de notre vision de l’épisode je prends le téléphone, je décroche, je me présente « bonjour, je suis une jumelle et j’aimerais passer l’audition pour « Premiers baisers » ». La dame au téléphone me dit « on ne recherche plus de jumelles ». J’insiste, je lui dis « non, laissez-nous venir, je vous assure que le rôle est pour nous ». Je l’ai dit comme ça… Elle a fini par dire « bon d’accord, si vous souhaitez passer, venez à cette adresse ». On se rend à l’adresse donnée, mais ce n’était pas la bonne adresse.

Stéphanie : On nous avait aussi demandé de venir faire l’audition habillées à l’identique pour passer le casting. On a pris deux cars différents pour l’audition pour ne pas qu’on nous voit ensemble, tellement on avait honte d’être habillées pareil. C’était la même chose d’une couleur différente mais quand même, ce n’était pas possible ! On s’était habillées un peu jeunes car on savait qu’il fallait faire plus jeunes. On est finalement arrivées à la bonne adresse, dès que la dame nous a vu arriver. Elle a dit « Ne bougez pas ! Ne BOU-GEZ-PAS ! » On n’avait même pas ouvert la bouche. Et là, on a su qu’on allait avoir le rôle. Jean-Luc Azoulay est descendu avec son gros cigare, il nous a demandé si nous étions américaines. On a dit « oui ». Il a répondu « Oh… C’est dommage ».

Christine : Le soir, on avait la réponse positive (on a attendu longtemps mais on a eu leur retour le jour même). Et pendant le casting, il nous ont donné un court texte et voilà…

Stéphanie : Ils ont montré d’ailleurs notre casting à la télé dans « Le Club Dorothée ».

Christine : Après le casting, on nous a dit que ce ne serait que pour 5 épisodes. Moi, j’étais certaine que nous allions rester plus longtemps. Nous savions que nous allions rester.

Le public a tout de suite accroché à vos personnages.

Christine : Oui, tout de suite. Même avant la diffusion ! On nous avait reconnu car une toute petite photo était sortie dans le Télé Loisirs. Nous étions dans le métro lorsque quelqu’un s’est approché de nous en nous disant « mais c’est pas vous qui allez jouer dans Premiers Baisers » ? Je t’assure que c’est vrai. Juste une petite photo et on trouvait ça totalement dingue !

Et le lendemain de la diffusion de votre premier épisode ?

Stéphanie : C’était dingue ! Du jour au lendemain, tu ne peux pas marcher dans la rue. Ce ne sont pas nos meilleurs souvenirs mais bon… C’est marrant et ça fait partie du package. Du jour au lendemain… Et puis non stop ! On ne pouvait plus rien faire. C’est aussi pour ça que nous avons vécu à deux endroits différents. On ne se voyait que pour tourner. Nous n’étions jamais ensemble en public, ce n’était pas possible. Si j’étais toute seule ou avec des amis, ça allait ! Mais s’il y avait Christine, c’était mort !

Christine : Mais même aujourd’hui, si on se promène ensemble, je pense qu’on nous reconnaît !

Stéphanie : Ah non Christine… C’est sûr ! Tu n’es pas en France mais moi, je peux te le confirmer ! On me reconnaît toujours, Ce qui m’étonnes vraiment car… ça fait si longtemps ! Et comment on peut être aussi sûrs ? Parce que quand je vois quelqu’un de connu, j’ai toujours un petit doute… Je suis toujours très surprise. Vraiment.

Après, la voix doit aussi vous trahir…

Christine : Oui, la voix joue beaucoup

Stéphanie : Si je prends un taxi, c’est foutu ! Je pends un taxi, je commence à parler… Je vois le regard du chauffeur qui devient de plus en plus perplexe et… On finit toujours par me reconnaître au bout de quelques secondes.

C’est dire la puissance de la télé !

Stéphanie : Oui… Et l’accent aussi. Mais je n’y suis pour rien !

Vous connaissiez le Club Do avant d’arriver dans la sitcom ?

En chœur : Oui, on connaissait.

Quel est le premier souvenir que vous gardez de vous en découvrant les plateaux de tournage de « Premiers Baisers » ?

Christine : On avait toujours rêvé de faire ça. Je me rappelle on nous a mis des rollers donc bien sûr pour rouler avec ces rollers et un studio plein de câbles partout par terre ce n’est pas évident. Mais pour le premier jour, je me rappelle simplement d’être dans le studio avec Stéphanie, complètement émerveillées. On était là où on devait être.

Stéphanie : Oui, et c’était génial ! Je me rappelle, il y avait Julie Caignault qui est venue nous voir pour se présenter et nous souhaiter la bienvenue sur le plateau. C’est la première à avoir fait ça et elle était super sympa.

Vous n’avez plus de contacts avec les comédiens de cette époque ?

Stéphanie : A part Virginie, non. J’ai vu le spectacle « Derniers Baisers » qu’ils avaient fait à Paris avec Magalie et Anthony. Christine n’était pas là. Mais c’était vraiment bien. Qu’est-ce qu’on a rigolé ! J’ai passé un très bon moment. Ça n’a pas duré longtemps malheureusement. J’y étais, pas à la première mais il y avait la presse, les anciens comédiens, les anciens maquilleurs. Tout le monde était là.

A part Julie, comment s’est passée votre intégration ?

Christine : On a été très bien accueillies. Ils étaient là avant nous et il n’y avait pas de côté méchant. Ils ne pouvaient pas être méchants. On était plus âgées, on savait ce que l’on faisait. Et… On ne faisait pas du Shakespeare (rires).

Vous arrivez en même temps que Rebecca Dreyfus (Debbie) et finalement, son personnage est très effacé à côté de vous. Elle ne restera d’ailleurs pas longtemps. Vous savez pourquoi elle est partie ?

Christine : Elle avait plus de mal à rentrer dans l’ambiance. Les gens n’étaient pas forcément super gentils avec elle non plus.

Stéphanie : Elle était super gentille, mais trop gentille… Très timide. Et elle prenait mal les petites remarques qu’elle pouvait entendre à droite et à gauche.

C’est elle qui est partie de la série ?

Christine : Je pense qu’ils n’ont pas gardé le personnage parce que Magalie est revenue.

D’ailleurs, vous-même, vous quittez « Premiers Baisers » pour la première fois à la fin du mois d’avril 1993. C’est de votre plein gré ou est-ce lié au conflit qui oppose AB avec votre maison de disque qui sort votre album « Rose » à la même période ?

Stéphanie : C’était ça. Nous avions un conflit avec l’album qui sortait en même temps et notre producteur (ndlr : Bertrand Le Page) ne voulait plus que l’on fasse la série. Il voulait que l’on arrête. Il était d’accord pour nous payer pour qu’on arrête de faire la série.

Christine : Moi, j’ai un peu oublié ça… Je ne me souviens pas trop.

Stéphanie : En tout cas, nous ne voulions pas partir. Dès qu’on a rempli toutes nos obligations avec le contrat de Warner, nous sommes retournées dans la série. Mais oui, ça s’est un peu mal passé entre nous et notre producteur de musique. Il y avait quelques conflits d’intérêt.

Christine : Il avait sa vision, nous avions la notre. Je comprenais son point de vue mais nous n’étions pas d’accord.

Stéphanie : On ne pouvait pas attendre de savoir si la chanson marcherait. Nous étions sûres que la télé, ça marcherait ! Et puis il n’avait pas le droit de nous demander de ne pas le faire. Ce n’était pas du tout mentionné dans le contrat. On a fait ce que l’on voulait en fait.

Est-ce qu’il y a un épisode de « Premiers Baisers » qui vous a marqué plus qu’un autre ?

Christine : Je me souviens de cet épisode dans lequel on nous avait déguisé en punks !

Stéphanie : Tous les épisodes qui étaient un peu différents, avec un costume ou un décor différent, nous ont marqué beaucoup plus.

Quel est le plus grand fou rire que vous avez connu sur le plateau de tournage ?

Christine : Il y en a eu beaucoup… Mais on a une particularité, c’est qu’on ne rigole pas pendant le tournage. On a du mal à avoir des fous-rires pendant. On voit les autres rire, mais nous on rigole après la prise ou avant la prise.

Stéphanie : Je ne savais pas comment les autres faisaient pour avoir un fou-rire pendant leurs répliques. Je ne peux pas… Mais c’est comme ça.

A quoi ressemblait une journée typique lorsque vous travailliez chez AB ?

Stéphanie : Déjà, on se levait très très tôt.

Christine : Pour se boucler les cheveux, pour aller prendre un bus… ça nous prenait une heure pour aller à Saint-Denis. Je détestais ça !

Stéphanie : Oui c’était dur, il faisait noir, il pleuvait ! Mais c’était aussi très agréable. On bossait beaucoup, mais nous n’étions presque jamais fatiguées.

Christine : On pouvait aussi attendre 2-3 heures avant de faire une scène et on avait parfois le texte le jour-même –normalement la veille au soir, livré par un coursier. Mais c’était dur pour nous car nous parlions à peine le français à l’époque. Parfois même on ne comprenait pas ce que l’on disait ! Quand on avait le texte le jour même ce n’était pas simple. Mais c’était cool on ne se plaignait pas.

Vous alliez tous manger dans une cantine à votre pause déjeuner ?

Stéphanie : Il y avait une cantiiine !

Christine : J’adorais cette cantine !

Stéphanie : Oui. Nous étions les deux seules qui mangions à la cantine. Tous les autres mangeaient dans un restaurant à côté. Nous allions avec eux de temps en temps mais on préférait la cantine. On y allait souvent avec Virginie, même si elle ne mange pas beaucoup. Et pour la petite anecdote, nous n’avions pas le droit de faire ça mais nous le faisions quand même : nous gardions nos costumes pour aller manger. Mais c’était tellement chiant d’enlever nos rollers et de les remettre après. On faisait tout de même très attention de ne pas tâcher notre tenue pour le tournage de l’aprèm, ça pouvait être compliqué. On avait aussi plus de temps pour manger du coup (rires).

Avec le recul, quel regard portez vous sur vos personnages de Suzy et Suzon ?

Christine : Pas grand-chose… On ne peut pas qualifier ça comme de l’art. C’est juste de bons moments.

Stéphanie : Oui, de bons souvenirs.

Christine : Mais je ne montre rien à mes amis américains. Je ne parle pas de ça.

Mais… Vos maris respectifs ont tout de même vu quelques épisodes ?

Stéphanie : Le mien, non. Il nous a vu parce qu’on chantait avec Dorothée lors d’un concert au Zénith. Il nous a vues sur scène. Il avait une idée de ce que c’était. Il a peut-être vu un passage mais jamais un épisode en entier ! Non. Ça ne l’intéressait pas. Il connaît mais ce n’est pas du tout sa génération. Il a entendu parlé, mais c’est tout.

Christine : Comme on s’est rencontrés après. Je te jure, je ne suis même pas sûre qu’il connaisse ce passé… On n’en a jamais parlé.

Et même les chansons ?

Christine : Ah les chansons, encore moins (rires). Mon mari n’a jamais entendu parler de ça. Mais ma fille adore tout ça. Elle a 19 ans.

Stéphanie : Mon fils, tous ses amis sont au courant. Il a 21 ans maintenant. Quand ils viennent à la maison, ils ne me voient pas comme « la maman de.. » mais comme une jumelle. C’est direct ! Et le plus jeune ce n’est vraiment pas son truc, mais alors, à un point ! Il ne pourrait même pas vous expliquer… Je te jure si ça passait à la télé, il ne le rematerait même pas. Mais le plus grand, ça le fait rigoler et il est très fier !

Est-ce que vous vous rendez compte qu’aujourd’hui encore, vous rendez tellement de gens heureux ?

Stéphanie : Où je travaille maintenant, en France… Et il y a souvent des nouveaux qui arrivent dans la boite et c’est toujours la même histoire « oh c’est trop ma génération ! C’est vous ! » Et tous ses collègues lui ont déjà parlé de moi : « vous allez rencontrer… »

Christine : De temps en temps je rencontre des français et dès qu’ils m’entendent parler français ils font « Han Han ! Mais c’est vous ! » Si je ne parle pas en français on ne me reconnaît pas mais dès que je parle français, je suis reconnue !

J’adore ce « vous êtes les jumelles ». C’est tellement ça !

Stéphanie : Oui et pourtant on n’est jamais ensemble. Là, c’est exceptionnel !

Les jumelles et Dorothée

Quel est le premier souvenir personnel qui vous vient à l’esprit lorsque je vous parle de Dorothée ?

Christine : Dans le bus, quand on faisait la tournée, elle était toujours sympa avec nous.

Stéphanie : Dorothée, c’est une femme super bienveillante, super cool avec nous. Pourtant ça se voit que c’est une femme de caractère et qu’il ne faut pas se fâcher avec elle. Mais elle était super cool avec nous. Rien à dire… Pourtant elle aurait pu mais elle a toujours été adorable avec nous.

Christine : Et Ariane aussi était toujours sympa avec nous.

Stéphanie : Nous étions nouvelles et nous voulions réussir et elle a toujours été très cool avec nous. On appréciait ! Elle était super gentille.

Comment décririez vous la femme qu’elle était et puis l’artiste aussi ?

Stéphanie : On ne la connaissait pas assez bien pour différencier la femme de l’artiste. Mais elle est venue manger une fois à mon restaurant « Le Basilic », rue Lepic à Paris. Mais elle a beaucoup plus parlé avec mon mari de l’époque qu’avec moi. J’étais trop timide. Et le chef cuisinier était vraiment ravi de parler avec Dorothée. Mais à un point… Tu ne peux pas imaginer !

Quelle est la chanson de Dorothée qui vous a le plus marquée ?

Stéphanie : « Et mes chaussettes rouge et jaune à petits pois ».

Christine : Moi j’aimais bien « Elle avalé la machine avalée » (rires).

D’ailleurs, a-t-il été question de faire de l’animation car vous aviez eu, le temps de deux émissions, une chronique « trucs est astuces » fin 1996 dans le Club Dorothée ?

Stéphanie : C’est quelque chose que nous voulions faire mais ça ne nous a jamais été proposé de manière formelle.

Vous n’avez pas tourné le pilote d’une matinale en 1997 ? Je crois avoir souvenir d’avoir lu ça…

Stéphanie : Exact… C’était pour les choupinous à l’époque. Ça devait s’appeler « Soirée pyjama ». C’était des copines qui parlaient en cercle, en pyjama et on parlait de l’actualité, de la mode, de plein de choses comme ça. Mais c’était trop ciblé pour que ce soit pris par une chaine. Mais on s’est amusées à le faire. On a juste fait ce pilote, tourné par les équipes d’AB Productions.

La musique

Vous arrivez dans Premiers Baisers avec un album déjà enregistré. Ce sont des chansons que vous aviez validées ou vous avez suivi les conseils que l’on vous a donnés à l’époque ?

Christine : Non, on ne les a pas choisies. C’est Bertrand Le Page, le producteur qui est venu avec des chansons pour nous.

Stéphanie : On a travaillé ensemble sur plusieurs versions de ces chansons et on choisissait la version qu’on préférait.

Christine : Ce n’est pas comme si nous n’avions pas du tout d’avis à donner ou de choix à faire quand même. Mais c’était en fait leur album et nous, on chantait dessus. Et d’ailleurs Stéphanie a écrit des chansons de cet album. Toutes les chansons en anglais de l’album, c’est Stéphanie qui les a écrites.

Comme Fireworks ?

Christine : Mais oui ! J’ai complètement oublié ça tout ça…

Nous on ne les a pas oubliées. Et puis il y a eu les singles AB, ceux que les fans adorent toujours écouter comme « Tous un peu soleil » et « Mets un peu de musique ». L’album n’est jamais sorti… Pourquoi ?

Christine : Et bien on ne sait pas…

Stéphanie : Nous, on travaillait. On nous disait à quelle heure arriver, où nous devions aller pour chanter ou pour faire une interview. On ne se préoccupait pas des détails du style « quand va sortir l’album ? » « Quelle est la distribution de ce single ? ». Peut être que c’était un tort mais on ne se sentait pas concerné.

D’autres singles AB ont été enregistrés ?

Christine : Tout ce que nous avons enregistré avec AB est sorti. Je ne pense pas que ça aurait été dans leur intérêt de ne pas sortir une chanson. S’ils enregistrent quelque chose, ils le sortent.

Stéphanie : Tout ce qu’on a enregistré c’est sorti. Même les chansons de Noël.

Ces chansons, est-ce que vous en avez honte ?

Christine : Non, on n’a pas honte et Stéphanie non plus. Je ne les écoute pas mais je n’en ai pas honte.

En parlant de fans, vous recevez beaucoup de messages de leur part sur les réseaux sociaux ?

Christine : Elle non, elle n’est pas sur les réseaux sociaux.

Stéphanie : Non, ce n’est pas vraiment mon truc.

Christine : Moi j’ai un compte Instagram. Je reçois pas mal de messages oui.

D’où t’es venue cette passion pour les Happy planner ?

Christine : Ils m’ont appelé je vais refaire un truc avec eux d’ailleurs, ça me fait plaisir. Je ne sais pas, j’ai toujours aimé les planner. Stéphanie et moi faisions beaucoup de scrapbooking. Des trucs très artistiques. Le trajet des scrapbooker a fait que tous devenaient planner. C’est la suite logique. Je me suis rendue dans un magasin, j’ai vu, j’ai acheté et avec des amies on a tout de suite fait un groupe de quatre. Quand j’ai vu une possibilité sur Internet, je m’y suis mise. C’était un rêve de devenir Happy Planner… Je l’ai eu. C’est la même certitude que quand on a passé les castings de « Premiers Baisers ». Je travaillais aussi pour une compagnie qui faisait des stylos, je savais que ça allait marcher aussi.

Stéphanie : Et moi par contre je ne suis pas du tout dans ce truc-là.

Christine : J’ai un truc avec Walmart. Il va y avoir ma photo et mon nom sur les stylos dans tous les Walmart.
Stéphanie : Ils vont avoir une collection de stylos planner et sa photo va être dans tous les magasins. Comme si on n’avait pas assez vu son visage, on va le voir encore (rires).

La scène

Avez vous des petites anecdotes de coulisses des tournées à nous raconter. Vous sortiez après les concerts ?

Stéphanie : Jacky je me rappelle est très sympa. On ne s’ennuie pas une seconde avec lui…

Christine : On est sûres que les autres ont plus d’anecdotes que nous à ce sujet

Stéphanie : On n’était pas toujours dans le cœur de l’action sur la tournée. On n’était pas toujours au courant de ce qui se passait ou des petites blagues entre les autres. On ne parlait pas bien français.

Est-ce parce que vous étiez jumelles, donc toujours ensemble donc un peu à part ?

Stéphanie : On peut dire ça, oui.

Vous avez gardé vos tenues de scène pailletées que vous aviez fabriqué vous-mêmes ?

Christine : Je me souviens de quelques unes !

Stéphanie : Oui celui avec le cœur, le manteau… C’est vrai !

Christine : Mais on n’a pas gardé !

Mais… Genre vous avez pris un sac poubelle et vous les avez mises dedans et vous les avez jeté ?

Christine : Non, c’est juste perdu quand on déménage…

Stéphanie : Je n’ai pas le souvenir d’avoir jeté. On va dire plutôt que ça s’est évaporé dans la nature. Comme les photos…

Que deviennent les Jumelles Suzy et Suzon de « Premiers Baisers » ?

Comment apprenez-vous que votre série s’arrête ?

Stéphanie : Alors… Ce n’était pas une surprise, chaque année, on entendait dire que c’était la dernière. On était préparées. Il y avait quelques comédiens qui n’étaient pas d’accord et qui ont fait une sorte de procès contre Jean-Luc… Comme quoi il n’avait pas le droit de nous virer mais il avait tout à fait le droit !

Vous êtes tristes suite à cette annonce?

Stéphanie : Moi ça s’est bien passé. De toute façon, je devais me marier la semaine d’après donc j’avais la tête ailleurs. Mais ce n’était pas une surprise et on était bien préparées pour ça. On a été très bien traitées par AB Production. Rien à dire. Ce n’était pas une rupture par téléphone, non.

Christine : Ils devaient nous appeler pour un épisode et puis finalement ils ne nous appelaient plus. On se doutait que la série touchait à sa fin.

Qu’est-ce qui se passe après pour vous ? Qu’est-ce que fous faites ?

Christine : Stéphanie s’est mariée, moi j’ai vendu mon appartement et je suis retournée à New York pour essayer d’être comédienne. Et puis je n’avais plus envie de faire ça. J’ai travaillé pour une agence de comédiens et j’ai adoré ça.

Stéphanie : Moi, j’ai continué à faire des castings sur Paris. J’ai fait des photos. Je me suis inscrite en agence et j’ai commencé à tourner tout de suite. Je devais faire à peu près une publicité par mois. À l’époque c’était intéressant. Plus maintenant. Les gens ne me connaissaient pas forcément. Surtout que j’ai fait beaucoup de publicités internationales, mais tournées en France. Ou vice versa. L’accent n’était pas un problème. J’ai fait aussi des comédies musicales.

Christine : Tout de suite après on a fait une comédie musicale avec Renaud et Michel Legrand. Lui, il était dur…

Stéphanie : D’ailleurs on a vu que quelqu’un a posté des images sur le compte Instagram Ever&Ever. Je suis tombée dessus et waouh !!! Des images que je n’avais jamais vues. On ne voit rien et on entend rien mais ça m’a fait plaisir de les voir. On a fait aussi des comédies musicales avec une troupe. On faisait Grease, Hair…

Christine : Ah oui, c’est vrai !!!!

Stéphanie : J’étais aussi sosie de Marylin Monroe, pendant quelques années. C’était très bien payé. Ça c’était fabuleux. J’ai beaucoup travaillé pour des galas vers le mois de novembre-décembre. J’avais parfois trois galas dans la même soirée. Je peux te dire que l’on court ! Cette époque-là était aussi très sympa, on ne s’ennuyait pas. On faisait toujours un truc différent, toujours des castings intéressants. Et dans les castings pub, y a pas de stress. On ne va pas te demander de faire une scène dramatique… Comme les metteurs en scène n’ont pas de créativité, il fallait vraiment leur donner ce qu’ils voulaient de manière immédiate !

Et vous avez fait un film aussi ?

Christine : Oui, il y avait un film américain, tourné en France. Ils avaient besoin de jumelles. On a fait deux semaines de travail. C’était bien payé aussi.

Stéphanie : Et pendant le tournage, comme on était ensemble… Pourtant, les équipes américaines ne connaissaient pas du tout notre passé, mais les gens passaient et chantaient « Premiers Baisers » sur le tournage ! C’était gênant car on était en tournage et il fait éviter de faire du bruit.

Est-ce que vous avez entendu parler de la suite de « Premiers Baisers », est-ce que vous allez en faire partie ?

Stéphanie : On nous a contacté, j’en ai entendu parlé mais je ne crois pas que ça se fasse. Si ça se fait, ce qui peut être le cas, ce serait totalement autre chose. J’ai entendu parler qu’il allait prendre des jeunes. Et quelques anciens, genre ils jouent nos enfants.

Ça vous aurait intéressé ?

Christine : Oui, ça m’intéressait beaucoup.

Stéphanie : On avait déjà dit oui. Christine était à New York mais je suis allée en réunion à Paris pour ça. On en a parlé un peu. J’ai dit que j’étais d’accord, que Christine aussi. Je n’ai pas rencontré Jean-Luc mais quelqu’un qui travaille avec lui. Mais la réunion est restée sans suite.

On ne vous a pas proposé une apparition dans "Les mystères de l’amour " ?

Stéphanie : Non, on ne nous a rien proposé. Mais je n’ai qu’à demander. Jean-Luc ne dirait pas non. Il nous suffit de demande, mais Christine n’est pas sur place. Et puis on est bien occupées aussi…

Christine : I don’t know the show…

Stéphanie : Tu vois, elle ne le connait même pas.

C’est la suite de la suite de la suite d’Hélène et les garçons ?

Christine : Encore !!!! Mais avec la même bande ???

Oui oui…

Christine : (reste bouche béée). Je ne savais pas

Stéphanie : Si Jean-Luc nous le demande je dirais oui, mais je demanderai quand même pourquoi !

 

Merci encore aux jumelles pour leur temps et quelques photos personnelles. Merci à Passion Télé Poche, Steve, ma Juju et le compte Instagram "Ever&Ever" pour leus précieuses archives photo et pour la précision de leur mémoire.

Retrouvez les jumelles Ever & Ever interpréter "Mets un peu de musique" au Club Dorothée via la chaine "Génération Club Do"

2 réflexion sur “Interview de Christine et Stéphanie (Ever & Ever)”

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