Joyce Chatelier Brunet alias Valeriane dans Salut les musclés

Interview de Joyce Châtelier-Brunet

Elle a marqué les esprits des fans d’AB que nous sommes avec son personnage de Valériane, folle hystérique à la gifle facile, dans « Salut les musclés ». Minet en a fait les frais de nombreuses fois… Elle se fait rare en interview et dans les médias de manière générale. Découvrez vite l’interview de Joyce Chatelier-Brunet sur Nos années AB. Elle vous en dira plus sur ses débuts, son quotidien avec les musclés et sur ce qu’elle fait depuis 1998. Petit spoiler : elle n’arrête pas une seconde !

Joyce Châtelier-Brunet : l'avant "Salut les musclés"

Nos années AB : Bonjour Joyce ! Merci d’avoir accepté cette interview. On va commencer par évoquer ton enfance. Comment était-elle ?

Joyce Châtelier-Brunet : Je suis née en banlieue parisienne. Quand j’étais enfant, j’étais plutôt sage, mais ça a changé à l’adolescence où mon côté rebelle s’est révélé (rires). Je faisais pas mal de conneries avec les copains. Je n’étais pas très sage… Dans cette bande, je crois être la seule à avoir suivi le chemin de la comédie.

Est-ce qu’il y a eu un film ou une expérience personnelle qui t’a permis d’avoir le déclic et de te dire « c’est ça que je veux faire » !?

Je crois qu’il y a plusieurs déclics, mais le premier vient certainement de mon enfance et de ce que je voyais à la télévision : les shows de Maritie et Gilbert Carpentier (ça ne nous rajeunit pas). C’est un peu comme vous avec les séries AB finalement. Ça m’amusait. Aujourd’hui encore, j’adore toujours chanter et jouer la comédie. Ce sont des choses toujours très proches l’une de l’autre, que je n’arrête pas de faire.

Quel genre de musique écoutais-tu ?

J’aimais écouter de la musique et ça pouvait être n’importe quoi. Ça allait de la variété à l’opéra, en passant par la musique que mes parents écoutaient. Mais quand j’étais gamine, j’adorais Dalida et Claude François. C’était la folie. Il y avait aussi Bonney M et toutes les grosses stars du disco. Un peu plus grande, j’ai écouté du funk, du hard rock (ACDC et compagnie). Il y a eu plusieurs périodes. Et évidemment, avec la période 80’s le look a suivi. J’avais forcément une grosse choucroute sur la tête. C’est quand même plus rigolo (rires).

Babsie, Rémy, Minet, Valériane et papi René dasn "La croisière Foll'amour"

Quid du théâtre et du cinéma ?

Ma maman (qui vient de fêter ses 90 ans) m’a souvent amenée au théâtre quand j’étais petite. J’ai vu pas mal de pièces. Je me souviens notamment d’un « Cyrano de Bergerac » à la comédie Française qui était absolument magnifique. Evidemment ça inspire beaucoup. J’ai vu aussi « Notre Dame de Paris » de Robert Hossein. C’était ultra vivant, super. Ce sont deux spectacles qui m’ont bien inspirés lorsque j’étais gamine ! Le chant et la comédie ont toujours été pour moi indissociables.

Mais du coup, comment passe-t-on d’une passion à un métier ?

On suit des cours. À un moment on se dit « allez ». Mes parents m’ont obligés à passer le bac au départ. Le plan classique. Mais du coup, après le bas, j’ai tout de suite filé dans une école de spectacle, de comédie : les cours Florent. Et ça a commencé comme ça ! J’y suis rentrée à 18 ans. Ça s’est tout de suite bien passé. Ce n’était pas la même chose qu’aujourd’hui… Il y avait du monde mais pas autant que maintenant. En tout cas, j’ai aimé et j’ai tout de suite voulu poursuivre dans cette branche. J’en suis sortie et j’ai eu la chance de très vite travailler.

Te souviens-tu de ton tout premier rôle, aussi petit soit-il ?

Je pense que c’était une pub pour la compagnie Air France. Je jouais dans une vidéo qui était diffusée en interne dans l’entreprise. Ce n’était pas diffusé au grand public. Quand je suis sortie de l’école, j’ai tout de suite fait du théâtre. La première pièce pro, c’était « Les laves de l’Etna », de Christophe Ferré. C’est par le biais de connaissances que j’ai eu mes premiers rôles, des gens avec qui j’avais travaillé pendant les cours et puis dans le milieu, le bouche à oreille est quelque chose qui fonctionne très bien. Quand il y a une recherche de comédien et si ça correspond… C’est génial ! J’ai aussi fait quelques rôles de figuration.

Valériane et Hilguegue dans La croisière Foll'amour
Joyce Chatelier Brunet

Valériane, Salut les musclés : Ses années AB

Comment intègres-tu le casting de « Salut les Musclés » ?

À ce moment-là, j’ai 21 ans. Je suis toute jeune et je me prends un agent qui m’oriente sur ce casting. C’était assez proche de la sortie du cours Florent. Je passe ce casting en étant persuadée que je ne serai jamais prise. Il n’avait que des super belles nénettes dans la salle. Toutes plus belles les unes des autres. Je me suis demandée ce que je faisais là. Et là, j’ai fait les essais et j’ai été prise. Comme quoi… On ne sait jamais !

Que disait la description du rôle pour le casting ?

Je me souviens que c’était pour « une bourgeoise assez énervée ». Ni moi, ni les musclés, ni même AB Productions ne savions vraiment où cette sitcom allait nous emmener. Nous avons essuyé les plâtres avec Les Musclés. Je ne me rendais pas du compte que cette aventure allait durer 10 ans ! Ce que je savais par contre, c’est que j’étais hyper contente d’avoir décroché ce rôle, auquel les claques n’étaient pas encore attribuées. Il fallait que Valériane soit très bourgeoise, avec « un accent bourgeois n’est-ce pas ». Et elle devait être hystéro ! Dès le casting. Et finalement, c’est resté comme ça.

Es-tu heureuse d’avoir joué chez AB durant 10 ans ?

Ah ouais ! Moi c’était une super aventure ! J’ai appris plein de choses. Je suis une jeune comédienne qui arrive en ayant fait très peu de choses. En matière de cinéma, c’était surtout de la figu donc on apprend deux-trois choses. Une petite pub. Un court métrage mais c’est vraiment rien. On apprend très peu, alors que là… C’est génial et magique d’arriver, comme ça, dans une série. Il y avait des petits soucis à l’époque sur les salaires (pour la période) ça a été beaucoup critiqué là-dessus. Il y avait une façon de faire où tout était fait rapidement. Il fallait apprendre très très vite les textes, etc. Je pense que ça a été beaucoup critiqué mais d’un autre côté, je me suis rendue compte que ça m’a énormément servi pour la suite. Enormément ! On apprend à s’adapter. Moi, je fais du spectacle jeune public avec ma compagnie, un peu partout. Vous arrivez dans un lieu, vous ne savez pas forcément sur le genre de salle sur laquelle vous allez tomber mais il faut que vous vous adaptiez ! Ça revient au même. Le travail n’est pas le même niveau apprentissage, car le théâtre et la télé ne sont pas la même chose, mais on apprend à travailler et à mémoriser vite. Et c’est génial !

Beaucoup ont aussi critiqué le fait qu’AB ait pu fermer des portes dans l’évolution d’une carrière…

Oui, ça a fermé des portes, mais c’est comme tout : il y a des avantages et des inconvénients. Je trouve quand même que les avantages ont été beaucoup plus importants que les inconvénients. Et puis j’étais contente. Ok, les musclés se ne sont pas des comédiens. En matière de comédie, ils ont appris sur le tas. Ce n’est pas évident. Et en plus, on demandait des choses dans AB qui n’étaient pas des choses que l’on demandait aux comédiens habituellement. C’était un peu outrancier. C’était particulier. Et ils se sont adaptés très vite. C’est génial ! Ce sont des gars qui avaient un courage incroyable. Ils bossaient comme des chiens. Ils étaient très pros. En les regardant bosser, j’étais admirative. Ils passaient d’un direct sur le Club Do à une répétition de concerts, à un enregistrement, etc. C’est fort ! Et moi, j’étais beaucoup plus jeune qu’eux. J’apprenais en regardant ces gars qui avaient à la fois une véritable rigueur et qui, en même temps, étaient de gros déconneurs.

D’ailleurs, te souviens-tu de blagues qu’ils pouvaient faire sur le plateau ?

(Rires) Ils en ont fait ! Bon… Il y a des trucs qui maintenant ne passeraient pas. On n’est plus dans la même période, mais ils avaient de grosses blagues tout le temps et c’était n’importe quoi. Ils nous embêtaient, nous chatouillaient. Ils écrivaient des conneries dans un coin pour qu’on tombe dessus ! C’était vraiment une bonne ambiance. Ça bossait aussi car il n’y avait pas le temps. Ça coûte très cher de faire des épisodes.

Est-ce que tu te souviens de l’intégralité du nom de ton personnage ?

Valériane de la Motte-Piquet, Vicomtesse du Pré aux moules !

Bravooooo ! Est-ce que ça te faisait rire ?

Ah oui ça me faisait beaucoup rire et j’avais aussi Vali en pseudo. Vali chérie.

Valériane et Minet dans Salut les musclés

Tu es issue d’un milieu bourgeois ?

Pas du tout, je viens d’une famille simple sans accent pointu.

Que pensaient tes parents de ce personnage ?

Ça les faisait beaucoup rire et ils étaient relativement fiers car eux non plus ne sont pas du tout du métier. La télé fascine toujours un peu les gens. Les parents sont fiers. J’ai toujours été soutenue par eux et c’est génial car ce n’est pas le cas de toutes les familles. C’est hyper agréable et ça t’aide à avancer aussi.

Quand tu repenses à cette époque, quelle est la première chose qui te revient en tête ?

Il y a plusieurs souvenirs qui me viennent. Je me souviens d’un tournage durant lequel je devais glisser sur un œuf… C’était un très grand moment ! On a fait les répétitions durant lesquelles je faisais semblant de glisser et de tomber. Tout se passe bien, c’est super ! On commence à tourner et là, ils ont mis l’œuf par terre. Je n’avais jamais glissé auparavant sur un œuf. Et je te jure que j’ai fait un vol plané (rires)… Un truc de dingue. J’ai entendu des soupirs et de la peur autour de moi. L’atterrissage était sympathique, c’est vrai ! Mais ça va… Je ne me suis pas fait mal. J’étais assez sportive et j’avais l’habitude de tomber. Ça ne me posait pas de problème. Et évidemment, comme c’était quand même assez énorme, ils l’ont gardé et même mis au générique (Rires). Une fois aussi, ils m’avaient déguisée en sorcière avec un masque en latex fait directement sur la peau. Je devais le garder toute la journée pendant 10-12 heures de tournage et je n’en pouvais plus. Je ne pouvais même pas ouvrir la bouche pour manger, c’était une catastrophe ! Si j’enlevais le masque, je le détruisais. C’était donc impossible. Il y a tellement de souvenirs. Là ce sont mes souvenirs solitaires mais avec les Musclés, j’en ai tellement !

Valériane et Minet dans "Salut les musclés"

En tout cas Eric a un très bon souvenir de toi, il ne m’a dit que du bien !

Ah, j’adore Eric ! Il est très gentil et j’ai d’excellents souvenirs avec lui. Il faut que je lui envoie un message quand même… On a tellement une vie de fous. J’ai une compagnie de théâtre pour jeune public et je travaille beaucoup et tu finis par oublier de prendre le temps de demander des nouvelles à ces personnes que tu apprécies toujours. Je ne les oublie pas mais, quand on ne donne pas de nouvelles on finit par arriver sur cette conclusion : « ça fait trop longtemps que je ne l’ai pas appelé, je ne vais pas le faire maintenant ! ». On se perd un peu de vue…

Tu n’as gardé aucun contact de cette époque ?

Pendant pas mal de temps, j’ai gardé contact avec Minet. Je l’avais branché pour faire un projet théâtre justement. Comme Minet est un petit capricieux, ça n’a pas été assez vite pour lui, ni réagit comme il voulait. Depuis, je crois qu’il me fait la tronche (rires). Ce n’est pas grave…

C’était quoi ce projet de théâtre ?

J’avais envie de monter un Dario Fo avec lui. C’est une pièce sur un vieux couple qui connaît des petits problèmes. Lui ne regarde plus sa femme et elle s’en plaint. Elle fait tout pour renouer avec lui, mais le résultat s’avère catastrophique. C’est une pièce drôle, mais il n’a pas fait l’effort de la lire. Il a regardé des trucs sur Internet montés par des compagnies amateurs et ce n’était pas terrible. Ça n’allait pas dans le sens de ce qu’il voulait faire. Il préférait les gros trucs. Je pense qu’il n’a pas non plus l’habitude du théâtre. Les choses se font plus lentement qu’en TV et ça demande beaucoup de temps, rien que pour mettre en place les premières répétitions !

Est-ce que tu as abandonné le projet ?

Ah bah oui… ça n’a plus aucun intérêt. Je trouvais ça super rigolo de le monter avec lui. Ça avait du sens et ça me semblait judicieux. Mais tant pis…

Comment ces baffes sont arrivées et intégrées au scénario de « Salut les musclés » ?

Très rapidement. C’était une petite blague entre le producteur et Minet. Je crois que quand quelque chose n’allait pas bien, le producteur intégrait une gifle au scénario. Quand il voulait le gifler, il se servait de moi. J’étais le prolongement de sa main (rires).

Tu le frappais vraiment ?

Ah oui, il prenait de vraies baffes ! Et parfois… Il m’emmerdait juste avant et du coup, il s’en mangeait une méchante ! Il me cherchait et du coup, ça partait deux fois plus. Et j’avais derrière « Oh la salope !!! » Voilà… Mais tu es obligé de mettre une vraie baffe. Elles ne font pas mal (normalement), mais tu es obligé sinon ça fait faux ! Du coup, je ne sais pas combien j’ai pu en donner !

Si un fan lit et qu’il a envie de les compter, on prend !

Ah mais ce serait drôle ! Ça me ferait rire. Tu sais qu’il y a un mec justement, qui a fait un montage de toutes mes baffes. C’est une vidéo que tu trouves sur Youtube, sur « Thriller » de Michael Jackson. C’est très très drôle !

Quel état le rythme de tournage ?

Moi, je n’étais pas forcément là dans tous les épisodes. Du moins, au début. Les interventions se faisaient en fonction des scènes et de la façon dont le réalisateur travaillait. Nous n’avions pas tous les mêmes horaires tout le temps, mais en général, nous avions de grosses journées. Quand j’arrivais, je pouvais poireauter longtemps. Ça dépend du texte que tu as. Et puis les musclés étaient un peu plus privilégiés… Ils avaient plus de texte et avaient aussi d’autres choses à faire. On me faisait plus attendre que les musclés qui eux, n’attendaient pas. C’est normal. C’était les stars !

Est-ce que vous vous donniez des surnoms sur le tournage ?

Non… Puisqu’il y en avait déjà. Mais c’est vrai qu’ils m’appelaient souvent « Vali ». Même encore maintenant. C’est rigolo. C’est resté ! Sinon non, Joyce c’est quand même déjà assez court. On m’appelait Jojo quand j’étais petite mais, je ne sais pas, c’est pas passé (rires).

Joyce , c’est chouette !

Merci… Mais c’est un pseudo. Mon vrai prénom, c’est Jocelyne. C’est un peu classique et plus vieux. Dans les cours Florent, on m’a tout de suite appelée Joyce. Et même si je voulais reprendre mon prénom, on me dirait « non non, c’est moche » (rires).

Est-ce qu’il y a des gens qui t’appellent Jocelyne encore aujourd’hui ?

A part ma mère, pas beaucoup, non. Et encore, c’est souvent Jojo. Jocelyne, c’est quand elle est en colère ! (rires)

J’aimerai que tu me dises un petit mot sur chacun des musclés ?

Notre Papi René ! C’était un mec absolument adorable. Il était chou comme tout. Distrait, mais avec plein d’humour et très fin. Il était vraiment chouette. 

Rémy, c’était le plus jeune de l’équipe. C’est un mec très sympa avec qui j’ai passé d’excellents moments. Je me souviens qu’Ariane passait de temps en temps. C’était chouette. A l’époque où ils étaient ensemble. Après, ils se sont un peu déchirés sur la fin du Club Do, c’est dommage.

Eric, c’était le bon vivant du sud ouest. Il t’entoure de sa générosité. J’aimais beaucoup ce garçon. Et pareil, c’est un super bon musicien. Comme René. J’arrive à 21 ans, je tombe avec des gars qui ont un sacré talent et un bagage énorme !

Pour Framboise… C’était une personne toujours très drôle. Je l’adorais. C’est une personne qui avait toujours l’œil rieur. C’était incroyable. J’ai découvert Framboisier en dehors. Il faisait des petites tournées dans le sud de la France et j’avais été invité chez lui. Il donnait l’image d’un trou du cul dragueur (ce qu’il était, c’est certain) mais j’ai découvert une personne véritablement cultivée. Il faisait n’importe quoi dans tous les sens, mais il était vachement cultivé. Il avait fait une école d’arts et il en avait gardé beaucoup de choses. En matière de générosité, il se posait là aussi. Ça m’a fait mal aussi quand il est parti… Tout ça me fait beaucoup de mal au cœur. C’est dur quand des personnes que tu as côtoyées s’en vont. Heureusement, il est dans nos mémoires et on s’en souvient encore !

Minet et Valériane

Comment ça se passait avec Véronique, alias « Mademoiselle Catherine »…

Alors, Mademoiselle Catherine, on la connaissait moins bien. Elle ne venait pas tout le temps, et puis elle était un peu perchée. C’est vrai qu’on ne se côtoyait pas beaucoup en dehors et puis on a tourné moins longtemps avec elle… Quand elle est décédée, ça a foutu un coup sur le plateau… On n’était pas fiers. Le jour de sa mort, nous l’attendions ; Nous devions tourner une scène avec elle et elle n’est jamais arrivée. Elle devait venir, je m’en souviens très bien. On attendait… Et finalement les auteurs ont réécrit rapidement les scènes pour boucler l’épisode. On ne savait pas ce qui se passait. C’est terrible… je pense que c’était un suicide. C’est malheureux car elle était super. C’était une belle fille qui avait plein d’avenir.

Et avec Babsie ?

Je pense qu’avec Hilguegue, on est presque arrivées au même moment. Babsie avait une vraie rigueur, notamment avec son passé de danseuse. C’était une fille chouette et très rigoureuse, mais j’avais plus d’affinités avec les garçons d’une manière générale. Avec Babsie, on s’entendait très bien, mais nous n’avions pas les mêmes attentes de la vie. Je déconnais plus avec les musclés.

On ne va pas oublier Minet quand même ! J’ai dit qu’il était capricieux, mais c’était aussi un sacré boute-en-train. Il est attachant. Il a un foutu caractère mais il est attachant !

Tu pensais que ça allait marquer à ce point là les esprits ?

Pas du tout. Mais alors pas du tout. Ça m’étonne toujours. Je suis hyper flattée. Je suis contente. C’est émouvant lorsque l’on vient me voir et que l’on me dit encore maintenant qu’on me reconnaît grâce à « Salut les musclés ». Alors c’est beaucoup moins fréquent aujourd’hui, mais je trouve ça dingue et super plaisant.

Comment étaient tes relations avec Dorothée et que penses-tu d’elle ?

Dorothée, je l’adore c’est indéniable. C’est une super nana. On n’était pas sur les mêmes plateaux. On ne travaillait pas ensemble. Au départ, on s’est croisées très peu de fois. Et franchement, elle est hyper attentive. Une petite anecdote : une fois, j’étais jeune et j’avais super mal au dos. Nous étions encore dans les anciens locaux (il y a eu des travaux dans AB et ça s’est agrandi). Au début, je n’avais pas de loge pour moi. Je devais attendre longtemps… Dorothée passe un jour, on papote un peu, elle me demande comment je vais et je lui raconte avoir super mal au dos. Elle part. Elle ne dit rien… Et elle a fait apporter un canapé pour que je puisse m’installer. Ça c’est super gentil. Elle n’était pas obligée. C’est un chou. C’est une nana que j’adore. Elle aussi, c’est un exemple pour moi.

Est-ce qu’il y a une chanson qui t’a marquée en particulier ?

Il y en a plein. Je pense à « et mes chaussettes rouge et jaune à petits pois » en premier.

En parlant de chansons… Est-ce que Jean-Luc Azoulay t’a proposé, comme il l’a fait avec beaucoup de comédiens et de comédiennes, d’enregistrer un disque ?

Non. Jamais. Je n’avais pas ses faveurs (rires). Je ne suis pas certaine que ça aurait pu me tenter non plus. Ce qu’il faisait, ce n’était pas forcément ma tasse de thé. Mais à l’époque, j’étais un peu plus musicienne et ça ne me branchait pas trop. Maintenant que j’ai fait pas mal de spectacles jeune public, pourquoi pas. Je comprends mieux aujourd’hui. À l’époque, je n’ai jamais cherché en tout cas.

« Salut les musclés » se termine pour laisser place à « La croisière Foll’amour ». Comment t’est présenté ce nouveau projet ?

Je me souviens qu’en fin de saison, ils nous ont dit « on va refaire une nouvelle saison, mais un peu différente ». Après, on a su que nous allions jouer dans de nouveaux décors. Nous avons eu les indications au fur et à mesure. Ce dont je me souviens parfaitement, c’est qu’on attendait impatiemment de voir ces nouveaux décors qui étaient à tomber par terre ! A l’époque quand on est rentrés, on a tous dit que c’était sublime. C’était magique.

Quels souvenirs gardes-tu de tes participations au Club Do et au Noël de l’amitié ?

Alors j’ai quelques souvenirs… Quand on essayait de récolter des fonds pour les gamins, je me souviens aussi d’un petit tigre qui était juste devant moi sur une table et que j’en menais pas large. Ce sont de bons moments… L’ambiance était vraiment très agréable.

Comment vous vivez en interne, l’explosion de sitcoms comme « Premiers Baisers » ou « Hélène et les garçons » ?

Personnellement, ça m’était parfaitement égal. Ça grossissait et c’était normal. On n’était pas sur les mêmes plateaux. On ne se croisait pas, Chacun faisait son taf dans son coin. Moi en plus, je n’y étais pas tout le temps chez AB, je n’avais pas cette sensation de « eux ils ont plus que nous ». Peut-être que ça leur a inspiré de la méfiance à un moment. On n’en discutait même pas… Je suis au courant que Les musclés et Babsie gagnaient plus que moi. Mais c’est tout. Après, ce sont les producteurs qui donnent les tarifs. Si tu ne sais pas négocier et que tu t’en fous un peu parce que finalement tu trouves que tu ne gagnes pas trop mal ta vie que ça, alors tant pis… Et par rapport à d’autres séries, on a quand même eu des droits d’auteur qu’eux n’ont pas eus.

Ça te suffisait, financièrement, « Salut les Musclés » pour vivre normalement ?

Moi oui ! Evidemment. J’ai 21 ans et je gagne d’un seul coup super bien ma vie. On était payés par cachet. Un cachet par épisode. Et je vivais super bien. C’était l’aubaine. Les premiers bons salaires.

D’ailleurs, poursuivais-tu le théâtre en parallèle de « Salut Les Musclés » ?

Oui, je continuais. Je pouvais moins faire de choses mais je continuais. Et en parallèle, j’animais un cours de théâtre aussi et je montais des spectacles régulièrement. Je n’avais pas encore ma compagnie, En compagnie d’Eos, qui a été constituée en 1998.

L'équipe de salut le smusclés

Que devient Joyce « Valériane » depuis la fin de « Salut les musclés » ?

Juste après le Club Dorothée finalement ?

Oui, comme je ne trouvais pas trop de boulot, je me suis dit « hop là ». J’ai travaillé pour d’autres compagnies mais ça ne suffisait pas. Il fallait faire nos 507 heures minimum par an, comme tout bon intermittent du spectacle, et ça ne suffisait pas. Alors au boulot… Mais juste après mn expérience AB, j’avoue que c’était une période assez difficile pour retrouver du boulot dans le cinéma ou la télévision. Je n’ai pas fait grand-chose mais pour être honnête, je n’ai pas non plus trop cherché. J’avais surtout envie de retourner sur les planches. Tu as des rôles différents et tu n’es pas cataloguée dans un même registre. C’est intéressant pour les comédiens de faire des choses différentes afin de progresser. Au sortir, d’AB c’est vrai que j’ai pu entendre des agents artistiques me dire, à plusieurs reprises : « AB, ça ne constitue pas une expérience ». C’est lamentable mais c’était comme ça. Pour moi, c’était une très bonne école. Ce n’était pas plus naze que de faire d’autres sitcoms de l’époque. J’ai vu des choses qui étaient épouvantablement chiantes à la télé à la même période. Je ne vois pas en quoi on avait à rougir. Vraiment. Et puis, au moins, ça avait la vertu de vouloir distraire les gens et ça a marché !

Tu sais tout de suite vers quoi tu veux t’orienter ?

Oui, je sais tout de suite que je veux faire du spectacle jeune public parce que les cours de théâtre que j’ai donnés pendant une quinzaine d’années, c’était pour les adultes, mais c’était avec des jeunes. Et en fait, ça allait dans le même sens que les spectacles jeune public que je continue à monter. Comme je les écrivais pour la plupart, j’ai commencé à prendre le pli comme ça. Je créais les décors, les costumes et je continue toujours. Ça prend beaucoup de temps et j’ai continué dans ce sens là car ça me plait beaucoup ! Aujourd’hui, je fais des tournées dans toute la France.

Joyce chatelier brunet aujourd'hui en 2022
Joyce chatelier brunet aujourd'hui en 2022

C’est dur de se faire connaître et de promouvoir ces spectacles ?

Oui, c’est compliqué. On te ferme la porte alors tu essaies de rentrer par la fenêtre. Et puis voilà… Tu présentes ce que tu fais et à un moment, ça fonctionne. Je contacte les mairies, les écoles, tout ce qui peut être contacté. Ça prend du temps, c’est un boulot et ça s’appelle la diffusion. On est parfois rappelés par les mêmes structures et on vient avec des spectacles différents. Il faut savoir à qui tu t’adresses… C’est hyper important et ça tu l’apprends à faire pas mal de programmations dans les théâtres. On a eu la chance d’être pris dans des théâtres et de pouvoir expérimenter les spectacles.

Tu as des spectacles à l’affiche en ce moment ?

Il y a « Les trois petits cochons » à l’affiche au théâtre de l’Essaïon à Paris. C’est un spectacle qui existe depuis de nombreuses années maintenant… Je ne joue plus dedans cette année. J’ai arrêté car j’avais besoin de prendre un petit peu de recul pour pouvoir créer un nouveau spectacle et avoir un peu d’air. Je joue aussi pour d’autres compagnies et pas forcément pour un jeune public. Mais pas en ce moment, j’ai besoin de me ressourcer, je commence à être vieille (rires). Mais tout ce boulot nécessite énormément de temps, c’est très chronophage. En ce moment, j’ai surtout envie de mettre en scène et j’ai besoin de temps pour travailler sur de nouveaux spectacles.

Est-ce que jouer de manière plus régulière dans « Les mystères de l’amour » pourrait te tenter ?

Pourquoi pas… J’ai fait quelques apparitions dans les Mystères, mais je crois que le public n’a pas adoré. Il ne comprenait pas le mélange des séries. Il me semble… Mais c’était rigolo de retourner, de revoir des gens que je n’avais pas vus depuis longtemps et qui sont toujours là. Si on me demande de venir jouer demain, je dirais non car j’ai beaucoup de travail en ce moment, mais pour après-demain… On verra (sourire).

Joyce
Les trois petits cochons

Retrouvez "En compagnie d'Eos", la société de Joyce Châtelier-Brunet qui propose des spectacles pour enfants sur son site : www.encopagniedeos.fr :

2 réflexion sur “Interview de Joyce Châtelier-Brunet”

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