Dorothée, Martine Latorre et francine Chantereau

Interview de Martine Latorre

Pour cette première interview, Nos années AB a voulu rencontrer une personne qui se fait rare en télévision et dans les médias et qui a pourtant, vraiment marqué la « Génération Dorothée ». Il s’agit de Martine Latorre, l’une des deux choristes (la blonde) historiques de Dorothée. Martine, arrive chez AB dès la création en enregistrant la chanson « Mustapha » en 1977. On la retrouve dès 1982, sur le premier album de Dorothée pour en assurer les chœurs. Et elle fera de même sur les 17 albums studios de la star. Martine nous en dit plus sur son enfance, ses années AB et nous raconte ses souvenirs. Attention… Interview sans langue de bois !

Martine Latorre, son enfance, les fléchettes et les années Claude François

Nos années AB : Bonjour Martine, cette passion pour le chant vient de votre enfance ?

Martine Latorre : Oui ! Mes parents et ceux de ma cousine chantaient beaucoup. Nous avons grandi et avons été élevées ensemble toutes les quatre : Moi, Francine, Dominique et Catherine. Comme dans toutes les familles, on chantait d’abord pour les mariages, les communions. On faisait notre petit numéro. Même si ce n’était pas forcément au point… On chantait des titres comme « La mama » d’Aznavour, qui n’était pas dans notre tessiture mais ce n’est pas grave, on chantait et c’était l’essentiel pour nous. Je me souviens aussi de titres comme « Le lion est mort ce soir ». On adorait déjà faire des harmonies de voix. Moi, j’étais plutôt orientée dans la danse et puis Francine a fait le conservatoire pour le piano. Le père de Francine et le mien, se sont connus jeunes. Après la guerre. Il y avait encore beaucoup d’américains en France à l’époque, qui dépensaient leurs sous rue Saint-Denis. Mon père et celui de Francine faisaient la manche dans cette rue.

Vous êtes vraiment cousines toutes les quatre ?

Je suis la seule à ne pas être une cousine. Je suis la première née et on s’est toutes connues dès l’enfance. Quand j’avais deux ans, Dominique est née, puis Francine et enfin Catherine. Avec les deux sœurs : Dominique Poulain et Catherine Welch, on vivait dans la même ville, allions à l’école ensemble et partions aussi en vacances. J’ai fait partie de cette grande famille accueillante, dès que je suis née. J’ai été incluse dès le début.

Vous souvenez-vous de la première fois où vous êtes rentrée dans une cabine d’enregistrement ?

C’est la mère de Francine, qui était pianiste et qui nous a emmenées à une première audition chez DECCA. On a auditionné devant Gérard Hugé qui en était le directeur artistique et qui avait déjà Sylvie Vartan. Comme il ne savait pas trop quoi faire de nous et qu’il connaissait Michel Poulain (ndlr : le mari de Dominique) qui était l’assistant de Claude François, ils ont eu l’idée de nous faire auditionner chez Cloclo ! Avant Deca, nous avons enregistré deux disques sous le nom de Op’4, mais il n’y avait pas la grosse machinerie derrière… Quand on est arrivées chez Cloclo, il nous a demandé de choisir entre « Clodettes » ou « Fléchettes ». On a choisi Fléchettes car on trouvait « Clodettes » un peu téléphoné. Du coup, les danseuses n’ont pas eu le choix (rires).

Les Op'4
Les Fléchettes 45T

Que disent vos parents lorsque vous leur annoncez « je vais chanter pour Claude François » ?

D’abord, Claude voulait qu’on parte tout de suite en tournée avec lui en Italie. Nous n’avions jamais fait de scène avant, à part des spectacles chez les petits vieux (rires) et en plus, Francine et Catherine étaient encore au collège de Chatenay Malabry. Il fallait qu’elles arrêtent tout pour partir en Italie ! Cathou avait 15 ans. C’était un peu juste… ça a tiraillé un peu et puis bon… Les parents se sont tous mis d’accord en se disant que c’était une vraie chance et qu’ils ne pouvaient pas nous faire manquer ça ! Et on est parties…

Et c’est parti pour plusieurs années comme ça !

Oui… Après Claude, on a fait beaucoup de studio. On est parties en Iran accompagner une chanteuse Iranienne pendant 3 mois et demi. Et au retour, tout le monde nous voulait ! On a commencé à avoir un emploi du temps de ministre. L’impresario de Sheila, Claude Carrère nous voulait aussi. Ce qui leur plaisait c’est que nous étions toutes les quatre et que nous étions fraiches, nous n’avions aucun sens du métier. Mais ce n’est pas pour autant que nous étions manipulables… Moi, quand ça ne me plaisait pas, je disais « non » sans hésiter. On avait une fraicheur de non-vécu. On venait de banlieue et on ne connaissait rien de la vie. On était protégées par nos parents. On était très bavardes devant les micros, ça les faisait marrer. On a commencé à faire des chœurs avec une équipe de garçons comme Alain Chamfort et Michel Pelé.

Dans quel contexte rencontrez-vous Jean-Luc Azoulay ?

Jean-Luc voulait faire de moi sa première artiste AB. Il a créé un groupe pour son tout premier disque AB qui s’appelait « Les allumettes » et je faisais la voix. Mais je n’ai jamais voulu faire de télévision pour promouvoir le titre. Je n’ai pas l’âme d’une soliste. Ça ne me disait rien du tout… J’ai ensuite fait les chœurs du premier disque de Dorothée avec la compagne de Gérard Salesses. Francine n’était pas sur les premiers disques de Dorothée. Au départ c’était la femme de Gérard Salesses et puis il y a eu une autre de ses compagnes. Francine est arrivée un peu plus tard, quand il n’y avait plus de compagnes (Rires).

C’est vous qui faites venir Francine sur les disques de Dorothée ?

Oui, mais de toute façon, quand il y avait des chœurs à faire, on appelait toujours la même équipe. Quand on faisait du studio, c’était toujours avec mes cousines. Ça s’est fait automatiquement quand il n’y avait plus les diverses compagnes (rires). C’est un peu le hasard que ça ait été Francine. Ça aurait très bien pu être Cathou parce que parfois on se départageait les artistes. On a accompagné énormément de gens. Presque tous les artistes de cette époque. Bécaud, Dassin, Alain Barrière, Nana Mouskouri, Mireille Mathieu ! On vivait et mangeait à l’Olympia pendant un moment. C’était la grande époque des chœurs. On a eu beaucoup de chance, il faut souligner ce trait.

La chance ne fait pas tout, il faut tout de même du talent !

Bien sûr. Il faut avoir les qualités de base, mais ce n’est quand même que de la variété. Ce n’est pas de la musique classique. On est arrivées au bon moment sans vraiment le vouloir. On voulait chanter… mais on ne savait pas comment ça allait se passer ni si ça pouvait nous mener quelque part. D’ailleurs, on n’avait pas de plan. Notre carrière a même failli s’arrêter suite à une tournée de Claude François qu’on a refusée de faire. Paul Lederman ne voulait pas nous donner une augmentation, on lui a alors répondu « Ok, on ne vas pas au Canada ». On n’y est pas allées. Du coup, Claude était plus ou moins fâché. On faisait quand même ses séances de chœur sur ses disques. On a ensuite fait une tournée avec lui ,mais alors il nous faisait la gueule ! C’était très folklorique ! Il mettait un paravent et nous donnait les consignes par le truchement de quelqu’un d’autre !

Les fléchettes de Claude François à Strasbourg

Les années Dorothée

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Dorothée ? Le courant passe tout de suite entre vous ?

Oui ! Je la considérais un peu comme ma fille. Je suis plus âgée qu’elle. Et c’est resté d’ailleurs. Je l’appelle « Ma poulette ». Elle est mignonne, attentive et j’admirais sa puissance de travail. J’ai rarement vu quelqu’un travailler autant. Elle n’avait pas de vie parce qu’elle n’avait pas le temps ! Entre les émissions de télé sur TF1 et le contrat qu’elle devait honorer, plus ses spectacles, plus les répétitions, plus les enregistrements d’album… Au départ, elle ne savait pas qu’elle allait chanter !

Vous étiez là au départ pour voir les doutes de cette fille que l’on met devant un micro et qui ne sait pas forcément comment faire. Est-ce que vous l’avez guidée ?

Non… D’abord, Dorothée est une fille qui dès le départ chante très juste. C’est une question d’oreille. Elle n’a pas eu de problèmes de ce côté là. Les chansons sont simples mais il faut les faire. Quelque fois il y a des petits pièges dans le rythme et parfois ce n’est pas toujours évident de démarrer au bon moment. Quand on n’a pas l’habitude ce n’est pas forcément facile au départ.

Vous avez été choriste sur tous les albums de Dorothée. Dorothée a toujours été humble sur sa carrière de chanteuse. Est-ce que vous comprenez cette humilité ?

Dorothée est quelqu’un de très lucide. C’est une personne qui ne se la raconte pas. Elle est évidemment très contente d’avoir fait ce qu’elle a fait, mais c’était presque malgré elle. Elle s’est retrouvée embarquée là-dedans, a été très loyale et a fait le boulot plus que bien. Tout le côté télévisuel, présentatrice, ça c’était son cœur de métier. Mais tout ce qui est showbiz, chant et danse, si c’était très amusant pour elle, cumuler toutes ces activités, ça fait beaucoup ! Et en plus, comme Jean-Luc ne doute de rien, nous sommes allées en Chine et là-bas, les gens croyaient qu’on était un groupe de rock (Rires) ! Ils n’avaient pas bien compris… Ils se demandaient ce qu’on voulait leur proposer. C’était l’année du spectacle un peu rock’n roll. C’était exotique pour eux.

Vous avez de bons souvenirs de cette période ?

Oh oui ! On a passé de superbes moments. Il y a beaucoup d’histoires. Jean-Luc fêtait les anniversaires de tout le monde après les spectacles.

Avez-vous des anecdotes sur vos sessions studio avec elle ?

En studio, c’était un peu toujours pareil. On faisait la connaissance de la chanson, après on cherchait les voix. C’est un peu la routine, si je puis dire. Ce sont plutôt des anecdotes sur scène où Dorothée a failli être écrasée par un éléphant quand même. Pendant toute une partie du spectacle, elle devait monter sur scène à dos d’éléphant (ndlr : Mademoiselle Shamba quoi !). Et la bête n’a pas eue envie d’avoir quelqu’un sur le dos. Dorothée sur l’éléphant, ça faisait quand même très haut et elle n’était pas loin du plafond. L’éléphant appuyait pour essayer de faire en sorte d’écraser Dorothée sur le plafond. Les musiciens jouaient l’introduction. Pendant 15 minutes… On se demandait ce qui se passait… Et elle n’arrivait pas. On se doutait qu’il se passait quelque chose. Les idées de mise en scène étaient très drôles mais parfois, ça ne se passe pas comme on veut ! Elle a eu un peu peur… Elle a eu des tas d’aventures avec les animaux puisqu’elle présentait des séquences avec le Docteur Klein dans le Club Dorothée ! Et c’était parfois n’importe quoi… On ne peut pas dire à un animal : « mets toi là et ne bouge pas ». Parfois, ils faisaient des trucs invraisemblables ! Il y avait de tout ! Des singes, des orques, des coqs… Une vraie basse-cour ! Il y avait toujours des surprises.

Dorothée et Shamba à Bercy

Comment ça se passe en coulisses quand Ray Charles ou des invités aussi prestigieux sont invités sur le plateau ? Est-ce qu’il y a une tension particulière pour vous, pour Dorothée, pour tous ?

Moi, je me disais, mais comment elle fait pour ne pas stresser. J’avais le trac pour elle. Mais elle avait l’habitude. C’était tout le temps des défis. Son créneau c’était « toujours de l’imprévu » et elle avait l’habitude de s’adapter. C’était bien ces moments, ça cassait la routine et il fallait un peu improviser sa façon de voir les choses. De notre côté aussi nous étions impressionnées ! Faire les chœurs de Ray Charles !! On était admiratives de lui depuis toutes petites alors ça fait un drôle d’effet de se retrouver à côté d’un géant comme ça !

Comment vous étaient présentées les chansons ?

Quand on arrive dans un studio d’enregistrement, quand on enregistre notre partie. On n’écoute pas la chanson parce que la voix n’est pas forcément faite. On nous donne des indications sur ce que l’on attend de nous, sur ce que la production voudrait. Ou alors on brode. Parfois il y a des partitions. Pas trop pour Dorothée… C’est notre boulot après. On savait faire des voix. Pour Do ce n’était pas nécessaire. Gérard Salesses était là pour peaufiner le truc. Comme il n’y avait pas de grosses difficultés, ça allait assez vite !

Est-ce qu’il y a une chanson de Dorothée qui vous a marquée ?

Alors… Il y en a tellement eu ! C’est tout un ensemble de choses ; C’est plus une couleur. Il y avait toujours dans l’esprit de faire un spectacle. Il y a un fil conducteur et les chansons illustrent ça. Le premier spectacle que j’ai fait avec Dorothée. C’était à l’Olympia et c’était très sympa d’ailleurs : « Dorothée au lait ! Dorothée mignonne ». Des trucs comme ça… Des petites chansons plus enfantines qu’après. Et puis de toute façon on s’éclatait. Sur ce spectacle comme sur les autres, les gosses sortaient des travées et se mettaient à danser. C’était rigolo et mignon. 

Quand Hélène arrive, est-ce que vous êtes automatiquement affiliée à elle ?

Oui… Le problème c’est qu’elle n’était pas très bien préparée. Elle s’est avancée sur le bord de la scène, et au moment où elle aurait du dire « Hélène… », elle est tombée dans les pommes. C’était son premier spectacle avec ce monde : c’était plein ! Elle a eu un problème. Elle n’a pas pu démarrer… Et Jean-Luc lui a dit « Tu vas y aller ! » Dès l’instant où elle s’est engagée à faire ça, il fallait qu’elle le fasse. Son grand mantra c’est « c’est mieux de faire ça que d’être caissière chez Leclerc ». Mais quand tu n’es pas préparée c’est compliqué… C’est casse-gueule. Les gens étaient préparés car il y avait la série qui cartonnait. Par contre, quand elle va en Chine, ils ont compris qu’elle était Hélène et elle fait un carton, c’est dingue !

Martine, Francine et Hélène

Jean-Luc vous avait proposé de monter sur scène pour les concerts de Dorothée en 2010 ?

Non. Mais j’estime qu’il y a un moment où faut changer la couleur. Ça ne me dérange pas. On a beaucoup travaillé pour eux. Ils ne sont pas obligés systématiquement de faire appel aux mêmes. Mais ça a toujours été comme ça notre métier. Après, avec Jean-Luc, ça ne nous empêche aps de toujours être très potes !

Mais même pour Dorothée, vous avoir à ses côtés devait la rassurer aussi.

Oui oui, mais les choristes étaient très bien. Personne n’est irremplaçable !

En tout cas, je peux vous dire que les fans étaient déçus de ne pas vous voir…

Ah ça je ne sais pas. Oui, il y en a quelques uns qui nous ont reconnues. Ils voulaient des autographes, mais parce qu’ils avaient l’habitude de nous voir. A l’époque, le Club Do c’était le matin, l’après-midi et à la sortie des classes et le dimanche matin pour « Pas de Pitié pour les croissants ». Ils occupaient l’antenne tout le temps, tous les jours. Nous n’étions pas dans tous les contextes mais on nous a beaucoup vues ! Les enfants s’attachent, n’aiment pas le changement et aiment voir toujours les mêmes gens. Ça les rassure.

Qu’est-ce qui vous a fait partir du métier ?

On a fait les versions françaises des dessins animés américains comme « Peter Pan » avec les Costa, « La belle et le clochard », « Eliott le dragon ». Les bandes ont été refaites en français et on faisait tous les chœurs. C’était dans les années « Club Do » aussi. Mais après le Club Do, ce n’était plus trop la mode pour les chœurs et il y avait moins d’engouement. On faisait encore quelques séances mais on en faisait beaucoup moins. On s’est éloignées de ce métier naturellement…

Jean-Luc ne vous a jamais proposé d'enregistrer un duo avec Francine ?

Non… jamais. Ça n’a pas du l’inspirer.

Vous avez aussi enregistré trois génériques de dessins animés ?

Francine en a enregistré quelques uns, oui !

Mais vous aussi vous en avez enregistré !

Oh mais je ne m’en rappelle pas ! J’ai fait un duo avec Corine Sauvage je crois sur « Le petit poney » mais il y a longtemps ! Ce genre de trucs…

Si je vous parle de "Papa longues jambes", ça vous évoque quelque chose ?

je ne m’en rappelle pas du tout (rires) ! Ça ne marque pas mon esprit… Il y a des choses dont je me souviens mais surtout si je ne le revois pas, ça se perd ! Entre les années 70 et 80 tout le monde voulait pousser son cri. Y a eu des tas de gens dont on n’a plus entendu parler et pour lesquels on a fait des enregistrements. On a tellement enregistré de chansons, on ne peut pas se souvenir de toutes !

Vous souvenez-vous d'avoir présenté le Club Dorothée durant quelques semaines ?

Oui ! Parce qu’Ariane attendait sa fille et il fallait qu’elle reste tranquille. C’est tombé pendant les vacances de Pâques. On est allées en Andorre pour présenter les émissions et puis à l’Alpe Duez. Alors les premiers jours, on n’est pas très à l’aise. Faire des sketchs avec les musclés, Jacky, Corbier, Simpson Jones alors oui d’accord mais eux, ils étaient pressés. Fallait pas qu’on se trompe parce qu’ils ne voulaient pas que ça traine. On n’a surement pas pu remplacer Ariane qui était quand même comédienne mais on a fait ce qu’on a pu. Jean-Luc, toujours pareil… Il se lance « Bon bah Ariane n’est pas là ? C’est pas grave, vous allez faire son boulot ». On aurait pu dire non. Mais tant qu’à faire… C’est une expérience ! On a bien rigolé. On avait surtout peur de faire des erreurs et piétiner le travail des autres qui travaillaient avec nous. Il fallait présenter les séries, se moquer des garçons, etc. Tout était écrit !

Dorothée accompagnée de Martine et Francine à l'Alpe D'Huez pour la présentation du Club Dorothée

Parlons un peu de Vincent ! Comment arrive-t-il dans « Les filles d’à côté » ?

Ce n’est pas Jean-Luc qui a pensé à Vincent mais Claude Berda. Il trouvait mon fils mignon. Je ne sais pas si j’ai bien fait de lui faire faire ça, mais enfin… Moi quand j’étais petite, j’avais dansé à la télévision, pour « Les 36 chandelles » de Jean Nohain. Je m’étais dit que comme mon fils n’était pas très bon à l’école, ça pouvait lui faire une expérience. Il s’est donc lancé là-dedans. Ce n’est pas un chef d’œuvre « Les filles d’à côté » mais ils le repassaient souvent. J’entendais « bah tiens, j’ai vu ton fils à la télé hier » ou alors quand on allait tous les deux au cinéma, les gens nous regardaient. Ce qui était fou durant cette période, pour Vincent, c’est les gosses qui, après les cours, grimpaient par-dessus le portail- à l’époque on était à Montmartre- pour frapper à la porte. C’était pire que Martine et Francine ! Vincent… Ohlala ! Toutes les gosses de son âge étaient folles de lui. J’ai du changer de numéro de téléphone et j’en ai engueulé des gosses qui auraient pu se faire mal en sautant le portail. Je ne voulais pas d’accident.

Est-ce que les critiques que subissaient les émissions de Dorothée, vous les compreniez ?

Tous les spectacles méritent critiques. Quelque fois, des spectacles font l’unanimité (c’est quand même rare) mais bon, tout ce que fait Jean-Luc est systématiquement critiqué. C’est populaire, c’est vrai que ce n’est pas très compliqué. Le parisianisme, c’est quelque chose de très spécial. Ce sont des gens qui ont compris pour la France entière et ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont des nuls ! À mon humble avis, je pense qu’il en faut pour tous les goûts et que Jean-Luc a su fédérer un public qui aime ce qu’il fait. Moi, je ne suis pas fan et il le sait. Il me disait toujours « ça te plait ? ». Je lui disais « nooooon ». Par rapport aux chansons ou ses séries… C’était un gag entre nous.

Comment se déroulait une journée de concert à Bercy par exemple avec Do ?

Le matin, il y avait les répétitions. Au début on répétait sans costume, on connaissait le processus. Après on mettait les costumes, ensuite tout le monde arrive avec les danseurs avec qui on a de très bons souvenirs. Les musiciens… ça se travaille un minimum. Même si Dorothée n’avait pas beaucoup de temps. Vers 17 heures, il y avait les balances, les problèmes techniques, les lumières… Il y avait pas mal de choses à régler sur le plan technique. Il fallait faire attention que ça ne se casse pas la gueule parce qu’on était dessus quand même. Il y avait la mise en scène, les déplacements. Comme tous les spectacles ! Ce n’est pas parce que c’est Dorothée qu’il ne faut pas mettre certaines choses au point. Ça prend du temps ! C’est Jacques Rouveyrollis qui faisait les lumières la plupart du temps et il avait besoin de prendre ses repères. C’est minutieux.

Martine et Francine à Bercy

Quel est aujourd’hui le plus beau souvenir de cette période ?

C’est tout l’ensemble parce que c’est une belle aventure. On n’a pas vécu de choses désagréables ! Do a vraiment été super durant toute cette période et Jean-Luc, ce n’est pas le genre de patron à hurler comme Cloclo ! Il est toujours égal. Même si parfois il change d’avis au dernier moment (ce qui est un peu chiant !) Mais l’ambiance était quand même formidable. Nous, on commençait à prendre un peu d’âge. Ça nous a un peu embelli la fin de notre carrière.

Un mot sur la personnalité de Dorothée. Comment vous la décririez ?

Je la connais surtout par rapport au travail. C’est une femme très drôle qui a beaucoup d’humour. C’est vrai qu’elle a eu du mal à vivre sa vie. Elle était tout le temps au travail. Mais ça ne se voyait pas. Son métier d’animatrice, elle l’avait dans la peau. Elle était très forte. Elle voyait tous les détails. Elle est intelligente, affectueuse. Je n’aime pas les discours dithyrambiques sur les gens parce que ça fait un peu brosse à reluire, mais je ne peux pas dire du mal de Dorothée. Comme ce que Baffie a pu lui faire. Elle lui a d’ailleurs balancé un seau d’eau au visage. Dorothée n’aimait pas sortir de sa zone de confort. Quand elle était à l’extérieur, c’est qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Elle ne se sentait pas à l’aise. À part chez Drucker parce que lui, il aime tout le monde et n’attaque personne. Mais dans d’autres circonstances, quand on l’attaquait, elle ne savait pas retourner l’attaque. Elle était, je pense, trop touchée. Mais bon, on ne se refait pas. Au travers d’elle, on critiquait surtout le système de Jean-Luc Azoulay. C’est ça que les gens ne supportaient pas. Lui cartonnait avec ses conneries et les autres en étaient jaloux.

Vous revoyez Dorothée parfois ?

Oui, on s’est revus il n’y a pas longtemps. On ne la voit pas souvent parce qu’elle est tranquille maintenant. On s’appelle pour nos anniversaires, pour les fêtes et là, on s’est revues pour « La chanson secrète ». Je suis arrivée là-bas, je ne savais même pas de quoi il s’agissait. Je n’avais pas du tout envie d’y aller. Y a un moment… faut arrêter. Et puis Francine me dit « bah si t’y vas pas j’y vais pas ». Pour moi, l’émission n’était pas très intéressante. Mais voilà, c’est fait. On a pu se parler un petit peu après.

Vous n’avez jamais passé de vacances ensemble par exemple ?

Non. Je ne l’ai pas connue souvent en vacances déjà. Ses vacances, c’est quand elle allait chez son frère ou chez sa mère. Et je sais qu’elle a sa petite maison (enfin petite… J’en sais rien) en Normandie ! Mais elle ne va pas à Phuket ou je ne sais pas où…

Elle aime les choses simples !

Oui, tout à fait. Elle a été élevée dans un contexte comme ça. Pas de paillettes… Ce n’était pas dans cet état d’esprit et elle a été fidèle à ses valeurs. Elle a toujours gardé ça… Elle aimait faire plaisir aux gens. Il n’y a pas beaucoup de gens dans le métier qui sont autant attentifs aux autres. J’ai pu la côtoyer quelques années et elle, je sais que c’est une fille bien !

Vous pensez qu’elle reviendra dans la chanson ?

Ah je ne sais pas, pourquoi pas. Je sais que Jean-Luc lui a proposé plusieurs fois. Pour le moment elle a refusé. Peut-être aussi que le projet ne l’intéressait pas. Par contre, je sais qu’elle aurait bien aimé –et je l’ai entendue le dire- tourner dans une série, mais pas dans le style AB. Genre un policier ou avoir un rôle récurrent mais sympa. Qu’elle ait un truc à défendre… ça elle aimerait bien.

Est-ce que vous, vous seriez partante pour remettre le couvert ?

Moi non. Mais je ne sais pas ce qu’en pensent les autre. Dominique fait des réunions mangas. Elle était dans l’Est la semaine dernière. Elle a chanté « Candy ». Les gens sont fou furieux avec ça ! Elle est prise en photo sous toutes les coutures et elle retrouve toutes les autres choristes qui ont fait des génériques. C’est sympa. Ils sont très bien accueillis. Elle aime bien.

On dirait que ça vous surprend de voir tout cet engouement autour de ces chansons et de cet univers ?

Oui, parce que moi je ne fonctionne pas comme ça. J’ai moi aussi mes souvenirs de la télévision quand j’étais petite. Mais je n’ai jamais été fan de qui que ce soit. J’aimais bien ce côté cocconing avec « Bonne nuit les petits » ou Jacqueline Caurat, qui était speakerine. J’ai des bons souvenirs de la télé mais ce n’était pas la même époque. On abrutit les gens aujourd’hui. Moins ils réfléchissent, mieux tout le mode se porte.

Dorothée, Martine Latorre et francine Chantereau

Un immense merci à Jeff sans qui l'interview n'aurait pas été possible...

Retrouvez Martine et Francine interpréter le tube "Ti Amo" pour exprimer l'amour qu'elle porte à Dorothée. Vidéo proposée par la chaine Youtube "Les Pages Do" :

2 réflexion sur “Interview de Martine Latorre”

  1. Un petit coucou et une bise à Martine Latorre,que j’ai connu milieu des années 1960 (1967) en vacances à Espinhio au Portugal.
    Les flechettes étaient en pointillé avec ses cousies

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